Témoignage d’une action de solidarité en Pologne
Face à l’afflux de réfugiés ukrainiens en Pologne – 400 000 personnes il y a
quelques jours et ce nombre ne peut qu’augmenter dans les semaines qui
viennent – voici un témoignage de la Communauté du Chemin Neuf présente sur
une paroisse proche de Varsovie
Le 1er Mars 2022
Chers amis,
Nous habitons Mistów, en Pologne, et sommes à 300 kilomètres de l’Ukraine ou
se déroule une vraie guerre, où des civils meurent chaque jour. Des réfugiés
arrivent en continu. Pour l’instant ils sont 400 000 (essentiellement femmes et
enfants) et nous savons que ce n’est que le début… Bien sûr en Pologne nous
n’étions pas préparés à cela. […] Bouleversés, choqués, nous assistons aussi à une
énorme vague de solidarité et de générosité.
Samedi 26 février après-midi, on reçoit la demande d’accueillir des réfugiés. Le
presbytère est bien grand, donc nous n’avons pas trop hésité. On a reconnu
cette demande comme l’appel du Christ humble et pauvre qui aime les plus
petits… « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que
vous l’avez fait… »
Aujourd’hui je vous présente notre grande frat de vie qui (à part nous, trois
célibataires) compte maintenant 10 adultes (8 mamans et 2 grand-mères) et 13
enfants (entre 2 mois et 19 ans).
Nous expérimentons vraiment cette vérité qu’en risquant au nom de Jésus, en
ouvrant nos coeurs aux pauvres, on reçoit au centuple ! (Marc 10, 28-31).
Nous sommes inondés par la vague de générosité et de bonté, pas seulement
de la part de nos paroissiens, mais aussi de gens que nous ne connaissons pas !
Le téléphone sonne en continu, les personnes demandent comment aider, quoi
apporter ? Nos 3 frigos sont remplis ; couches, savons, papier de toilettes nous
sont donnés en abondance comme pour un petit bataillon, sans oublier crayons,
puzzles, jouets… Bref, devant cette grande générosité nous commençons à
distribuer tout cela aux autres lieux d’accueil.
Les familles que nous accueillons sont super ! Bien sûr, elles ont vécu un vrai
traumatisme de la guerre, leurs maris et leurs pères sont restés en Ukraine,
mais la vie communautaire leur apporte la paix. Bien sûr souvent les femmes
pleurent, mais petit à petit la vie reprend. Tout le monde prend part à la vie et à
l’entretien de la maison. Avec l’aide de la commune, nous avons pu mettre en
place une garderie pour les enfants et nous réfléchissons comment faire avec
l’école. Les femmes sont demandeuses de travailler, donc on va les aider à
chercher quelque chose. Elles sont tellement heureuses d’être ici en sécurité et
de voir leurs enfants heureux !
Et encore une fois nous nous sommes dit, mais quel trésor, la vie
communautaire ! En fait on est tellement habitué à vivre avec des personnes
différentes, qui ne parlent pas notre langue ; on sait organiser notre vie à
plusieurs ; avec les enfants, on sait respecter nos espaces…. Merci Seigneur !
Bien sûr la présence des sœurs au presbytère facilite aussi beaucoup les choses.
Le fait d’avoir osé accueillir ces femmes et ces enfants, est sûrement la
meilleure évangélisation possible. En effet, plusieurs personnes venues
apporter des dons se sont dit non croyantes ou carrément déçues par l’Église,
mais sont aujourd’hui très touchées par ce qui se passe chez nous.
On ne sait pas grand-chose pour la suite, on ne sait pas combien de temps la
guerre durera et combien de temps notre vie communautaire comptera 26
personnes, mais – une journée à la fois ! Cette nuit il y a la prière continue dans
notre chapelle pour la paix en Ukraine. Nos mamans sont en majorité
orthodoxes, nous avons également une famille baptiste et toutes sont aussi très
touchées par cette prière !
Bon temps de carême !
En union de prière !
Asia, Marcin et Ula
Avec Karina, Nataliia, Iryna, Zlata, Darina, Tetiana, Matviy, Nina, Oksana,
Tetiana, Vanesa, Lybov, Inna, Oleksangra, Iyriiy, Kateryna, Tetiana, Kateryna,
Diana, Anna, Vitalina, Karina et Sofija