Après avoir mis en scène un gérant malhonnête qui escroque son maître en « dilapidant ses biens », Jésus déclare sans coup férir : « Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête ! »
Quoi ! Les disciples ne doivent pas en croire leurs oreilles ! Il y a vraiment de quoi être choqué ! Jésus ferait-il l’apologie des fraudeurs qui agissent dans l’ombre et trompent la confiance de leur responsable ou de leur chef d’entreprise ?
Mais Jésus sait ce qu’il dit. S’il nous donne cette parabole à première vue « choquante », c’est pour nous surprendre, nous dérouter et nous faire réagir ! En fait, ce n’est pas pour sa malhonnêteté que cet homme est félicité, non, mais « parce qu’il avait agi avec habileté ». Devant la perspective de son renvoi, d’une vie désormais vouée à la précarité, il a eu l’intelligence de prendre des décisions rapides, rusées et efficaces pour se mettre à l’abri des inquiétudes de la pauvreté qui le menace. Il a su être « habile » !
Mais pourquoi Jésus loue-t-il cette « habileté » ? Il nous en donne aussitôt la raison : il déplore que « les fils de ce monde soient plus habiles entre eux que les fils de la lumière ». On sent, dans cette parole de Jésus, un « profond regret » ! Oui, quel dommage : d’un côté, pour les affaires de ce monde, les hommes savent déployer des trésors de savoir-faire, d’ingéniosité, d’imagination, bref : d’habileté… et de l’autre côté, les fils de la lumière, tous ceux qui sont appelés à le suivre, ne déploient pas, loin s’en faut, les mêmes trésors de créativité, d’intelligence, d’énergie et de dextérité.
C’est un appel vigoureux à mettre toutes les ressources de notre intelligence, tous nos talents… au service du Royaume de Dieu, du « bien véritable », de l’amour de Dieu et du prochain. C’est un appel à développer toutes nos richesses de créativité, « d’habileté » pour servir, et non pour se servir.
Dans notre WE de rentrée paroissiale, nous nous sommes rappelés que Jésus nous appelle à être « missionnaires », à évangéliser, à partager largement l’Espérance que l’Évangile nous donne. Mais sommes-nous aussi inventifs et déterminés pour les « affaires de Dieu » que pour les « affaires de ce monde » ?
Esprit-Saint, viens réveiller notre intelligence : que nous mettions nos talents au service du « bien qui ne passe pas » !