Commentaire d’évangile

Commentaire d’évangile

Dimanche 21 Mars

5ème Dimanche de Carême

Evangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean 12, 20-33

L’évangile de ce dimanche nous plonge déjà dans le mystère pascal. Un incident assez banal permet d’introduire le dernier enseignement public de Jésus. Au v 20, des grecs, sympathisants des juifs, « sont montés à Jérusalem pour  adorer Dieu pendant la fête de la Pâque » et ils veulent voir Jésus. Ils peuvent aisément le voir déambuler dans la ville avec ses disciples mais souhaitent, probablement, s’entretenir avec lui. La réponse de Jésus s’adresse non seulement aux disciples qui servent d’intermédiaires, mais aussi à l’ensemble du monde païen en quête de Dieu.

Quel est le contenu de sa réponse ?

V 23 : Un peu de vocabulaire johannique 

L’heure tient une grande place dans cet évangile. Elle ne relève pas de la chronologie, mais elle désigne le temps favorable pour l’accomplissement du Salut. Elle a une portée cosmique. Il s’agit ici de l’échéance de la Croix qui constitue le tournant décisif dans la vie du Christ et des hommes. C’est après l’élévation de la croix que tous les païens, et donc les grecs, pourront « voir » Jésus.

La gloire : Pour nos contemporains, elle signifie le prestige, la célébrité, l’importance reconnue d’une personne. Dans la bible, ce mot implique l’idée de poids c’est à dire la valeur réelle d’une personne. La gloire de Dieu désigne sa réalité même, se révélant en majesté, dans toute la puissance de son Etre, c’est à dire de son Amour pour nous. La glorification du Fils de l’homme est la manifestation de cette réalité divine au sein du monde. Elle s’effectue par sa mort qui a produit du fruit en abondance et nous a ouvert un chemin vers Dieu.

Le Fils de l’homme : Ce titre désigne l’homme Jésus, qui par la croix retournera près de son Père.

Le programme du v 23 est commenté par la petite parabole du V 24.

L’image du grain de blé est très parlante pour des agriculteurs. La semence doit être jetée en terre et disparaître pour que la plante puisse pousser et croître. La mort de Jésus est donc une nécessité car d’elle seule peut jaillir la vie en abondance. La solitude du grain tombé en terre contraste avec le fait de porter beaucoup de fruits. En effet, une nouvelle communauté postpascale se rassemblera en son nom. Cette réponse indirecte de Jésus aux grecs, indique que ce n’est pas par un contact immédiat qu’Il devient accessible aux païens, mais par sa glorification.

Une vie de disciple.

Les v 25-26 explicitent comment la mort de Jésus, annoncée et interprétée détermine la condition du disciple dont le destin est calqué sur celui de Jésus cheminant vers la croix. Une existence centrée sur elle-même, ne recherchant que sa propre réussite et la maîtrise de son destin personnel est vouée à l’échec. En prétendant la maîtriser, on en ignore le véritable fondement, et on ne peut que la perdre définitivement. A l’inverse, celui qui reconnait et aime la vie donnée par Dieu, vivra éternellement avec Lui.

Ce don de vie détermine l’éthique du disciple. Au v 26, en suivant Jésus qui a donné sa vie pour lui, le disciple doit s’abaisser, se mettre au service de ses frères, se faire serviteur. En livrant sa vie à Jésus, il devient à son tour germe de vie. Suivre Jésus c’est entrer avec lui dans une communauté de destin au service de nos frères humains, c’est aussi entrer dans le dessein de Dieu : être auprès de Jésus et être honoré par le Père sont une seule et même chose.

Le don suprême de la vie s’effectue dans la peur et l’angoisse de la mort : v 27-28

Lorsque l’heure de la mort arrive. La vulnérabilité humaine éclate. Toute la personne est ébranlée. Jésus se tourne vers son père et le prie. « Que vais-je dire ? » Il réfléchit, et la réponse naturelle pourrait être « Père sauve-moi de cette heure », « Mais non », exclue cette éventualité : Dans sa liberté, dans sa détermination d’effectuer la volonté divine jusqu’au bout, il a le courage de ne penser qu’à son Père : « Glorifie ton nom » : il prie pour que, par sa mort, la présence de Dieu au milieu des hommes soit pleinement manifestée et reconnue.

La réponse céleste ne se fait pas attendre. Elle affirme que la glorification divine coïncide, d’une part, avec l’œuvre passée de Jésus : tout son ministère terrestre a révélé la présence et l’amour de Dieu pour les hommes, et d’autre part, avec l’œuvre à venir de Jésus : sa glorification. Dieu ne l’abandonnera pas pendant sa mort et son élévation, puisqu’il va jusqu’au bout de l’offrande de sa vie.

V 29-33 : Jésus explique ces paroles célestes.

La foule a compris qu’il s’agit d’une manifestation divine, mais elle ne peut pas l’interpréter. Jésus en donne le sens. L’heure de la glorification marquera le temps du jugement. « Le prince de ce monde », c’est à dire toute puissance aliénante qui étend son pouvoir sur l’humanité, disparaitra. Le mal sera vaincu, et la figure du crucifié nous révèlera l’amour de Dieu : « Quand j’aurai été élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes »

La croix est l’instrument de torture et de mort érigée par la méchanceté humaine, les forces du mal, mais en même temps, elle nous dévoile l’Amour divin qui n’abandonne pas l’homme croyant, mais au contraire lui donne la vie éternelle, le recrée et l’attire vers lui dans son Fils.

Seigneur Jésus tu m’as tant aimé que tu es mort sur la croix pour moi.

Apprends-moi la grandeur du service des hommes,

Donne-moi un cœur généreux, prêt à tout pour aider mes frères humains.

Texte Jean 12, 20-33

20 En ce temps là,  il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.

21 Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. »

22 Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus.

23 Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.

24 Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits.

25 Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.

26 Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

27 Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !

28 Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »

29 En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »

30 Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.

31 Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ;

32 et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

33 Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.