« Ma royauté n’est pas de ce monde »

« Ma royauté n’est pas de ce monde »

– Es-tu roi ? demandait Pilate à Jésus. Jésus finit par répondre oui, mais on comprend vite que tout dépend de ce qu’on entend par là. Jésus, de son vivant, n’a jamais utilisé ce mot qui pour tous avait une définition seulement politique.

« Ma royauté n’est pas de ce monde. » Le mot basileia signifie à la fois royaume, règne et royauté. Dans tous les cas il s’agit d’une gouvernance. Mais Jésus n’a jamais gouverné qu’une poignée de disciples, et la seule couronne qu’il ait portée était faite d’épines. La couronne de souffrance, qu’il partage avec tous.

Le Christ Roi, mais de quoi ? De l’univers ? Aujourd’hui on est un peu gêné, car on sait que l’univers est beaucoup plus grand que ce qu’on croyait en 1925, quand cette fête a été instituée. Rien que dans notre galaxie il y a 100 milliards d’étoiles, et encore plus de planètes, dont certaines sont vraisemblablement habitées par des cousins quand-même très lointains. Si nous étions seuls dans l’univers, le piédestal serait un peu grand pour le statue ! (Au fait, il y a 2000 milliards de galaxies).

Ceux qui sont familiers de ces chiffres sont donc irrités par ces formules qu’on trouve dans la liturgie : « La joie pascale rayonne par tout l’univers. » ; « les évêques, les prêtres, les diacres et ton peuple répandu par tout l’univers. » ; « pour que la famille humaine, habitant un même univers… », etc.

Donc il s’agit surtout de la terre. Bonne idée, tout de même, que cette fête, qui l’an prochain sera centenaire. Cela permettra sans doute qu’on fasse une mise à jour. Mais Christ Roi de notre terre, puisque c’est de cela qu’il s’agit, c’est déjà une belle perspective. Pas seulement un projet mais une annonce prophétique.

Comment ne pas approuver ces lignes tirées de l’encyclique Quas primas, qui instituait la fête :

« Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables – une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix – se répandraient infailliblement sur la société tout entière. »

On connait la réponse de Jésus à Pilate : « Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »

Celui qui appartient à la vérité (donc pas au mensonge) est sans doute aussi dans le camp du bien, de l’amour, de la justice. A lui s’adressera cette parole : « Venez, les bénis de mon Père. » Mt 25,34