Commentaire d’évangile

Commentaire d’évangile

Dimanche 21 février 2021   

1er dimanche de Carême

Évangile de Marc 1, 12-15

En ce premier dimanche de Carême, l’Eglise nous propose de méditer quatre versets de l’évangile de Marc, très brefs, mais d’une très grande densité. Pourquoi nous les propose-t-on aujourd’hui ?

Existe-t-il un lien entre les v.12-13 et 14-15, qu’est-ce qui fait l’unité de cet ensemble ?

La tentation v. 12-14

Pour introduire notre texte, le rédacteur évoque le baptême de Jésus au cours duquel l’Esprit descendit sur lui, et une voix céleste le proclama « fils bien aimé ».

« Aussitôt l’Esprit le pousse au désert » Quelle énergie !  Il pousse Jésus hors du lieu de son baptême. Le verbe au présent, souligne la vivacité du mouvement et nous rend l’événement présent. Jésus est le seul humain en scène. On ne constate aucun mouvement, pas de dialogue ni de tentatives diverses. Des récits bibliques évoquent 40 jours ou 40 ans passés au désert. On peut penser que ces 40 jours symbolisent une vie humaine. Contrairement aux autres récits des tentations de Matthieu et Luc, il ne jeune pas, au contraire, « les anges le servaient ». Seuls sont actifs les personnages appartenant au monde de l’invisible.

Les bêtes sauvages ne font rien, ne sont pas agressives. Pour le lecteur familier de la Bible, elles sont le signe d’une réconciliation universelle promise à la fin des temps.

En quoi Jésus fut-il tenté ?

On l’ignore. Il est mis dans une situation de conflit, en position de faiblesse qu’il n’a ni voulue ni cherchée. Il subit la tentation durant 40 jours. D’autres épisodes évangéliques laissent entendre qu’il fut tenté toute sa vie de se laisser détourner de sa mission en accomplissant, par exemple, des actes spectaculaires pour convaincre son auditoire. L’ultime tentation eut lieu à Gethsémani juste avant la Passion « Père, écarte de moi cette coupe » Mc. 14, 36.

On peut penser que l’épreuve porte sur la manière de se recevoir et de s’identifier lui-même dans la Parole et le désir du Père : « Tu es mon fils bien-aimé » Mc. 1, 11.

Son identité de Fils se joue entre l’Esprit Saint et Satan : Fils de qui ? Du Père ou de Satan ?

L’Esprit Saint du Père qui aime son fils, pousse Jésus au cœur de cette épreuve. Nous la vivons comme lui. C’est le drame de notre liberté souvent confrontée à la tentation de se séparer de Dieu au milieu de toutes les tentations du monde. Dans les temps d’épreuves, nous avons tendance à oublier que notre vie est toujours entourée et pénétrée d’un amour plus grand que le mal que nous pouvons ressentir, subir ou commettre. Le vrai enjeu de la tentation, de l’épreuve, est justement de devenir conscients de cet Amour plus grand que tout. Ce qui est tenté en nous, comme en Jésus, c’est la liberté de choisir entre Dieu ou le mal. Ce fut déjà la tentation à laquelle ont succombé nos premiers parents. Jésus est tenté parce qu’il est libre. Dans sa liberté, il fait confiance à l’Esprit d’amour du Père reçu au baptême.  Il se laisse aimer par le Père au milieu des tentations, au milieu du mal, il lui fait confiance, se reconnaît Fils.

Parce qu’il fait confiance à son Père jusque dans la tentation ultime de Gethsémani d’éviter la souffrance de la Passion et la mort, l’Amour du Père se révèle plus fort que le mal : du plus profond de la mort, jaillit la vie au jour de Pâques.

Lorsque la tentation et l’épreuve sont ainsi vécues, elles portent en germe l’annonce de la Bonne Nouvelle.

V. 14-15 : Se convertir et croire en un Père qui nous aime.

En mettant sa confiance dans l’Amour du Père, Jésus au désert a subi et surmonté toutes nos tentations. De ce fait, il doit proclamer cette bonne nouvelle divine et part pour la Galilée qui est un lieu de passage, où se croisent des personnes de toutes cultures et de toutes religions.

L’arrestation de Jean est un repère chronologique : Jésus prend le relais  « proclamant » comme le Baptiste, mais d’une tout autre manière car quelque chose de nouveau, d’inouï commence : il s’agit de « l’Evangile de Dieu ». Jésus, Parole de Dieu, ne se proclame pas lui-même. C’est l’heureuse annonce pascale qui révèlera et fondera la prédication de Jésus, fils bien-aimé du Père, Verbe de Dieu. Le v. 14 résume toute l’activité de Jésus.

Le v. 15 s’adresse au lecteur : « Convertissez-vous ». Nous sommes invités à participer à cette heureuse annonce, à imiter le libre choix de Jésus. En effet « Les temps sont accomplis » : c’est le moment de changer de vie et de croire car « Le règne de Dieu est tout proche » : Le temps du Carême  est le bon moment, le temps du discernement et de la vérité. Nous sommes invités à nous scruter sans tricher, sans nous mentir, pour discerner ce qui nous pousse à vivre dans la médiocrité, l’ambiguïté. Nous sommes appelés à changer d’état d’esprit pour comprendre, d’une manière nouvelle dans l’Esprit du Père, le présent et notre manière d’y vivre.

« Croyez à l’Evangile » : La foi est inséparable du changement, de la conversion. La Parole entendu doit être accueillie en confiance. Croire n’est pas un acte ponctuel, mais une attitude de confiance dans la durée. Comme Jésus, choisissons d’accueillir l’amour paternel divin en faisant confiance à son Esprit Saint reçu au baptême.

Seigneur, enseigne-moi tes voies,

Fais-moi connaître ta route.

Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,

Car tu es le Dieu qui me sauve.

              Ps. 24.

Texte de Marc 1, 12-15

En ce temps là, Jésus venait d’être baptisé.

12 Aussitôt l’Esprit le pousse au désert

13 et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;

15 il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »