Dimanche 4 avril
Dimanche de Pâques
Evangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean 20,1-9
Pendant la veillée pascale, nous avons relu l’histoire de nos relations avec Dieu. Il nous aime depuis le commencement, depuis la nuit de la création. Il nous pardonne nos reniements et nous propose, de vivre avec lui, de faire alliance. Aujourd’hui, en ce matin de Pâques, il nous appelle à vivre un nouveau commencement, nous propose de naître dans une vie nouvelle avec son Fils, Jésus-Christ, vainqueur de la mort et du péché.
« Le premier jour de la semaine, de grand matin », suggèrent le début d’un temps nouveau en référence au premier jour de la Genèse. Marie Madeleine, triste et très éprouvée après la mort de Jésus, va se recueillir au tombeau.
« C’était encore les ténèbres » évoque la nuit originelle : « la terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme » Gen.1, 1-2.
S’apercevant que la pierre du tombeau a été ôtée, elle court prévenir les deux disciples que le corps de Jésus a disparu, donc logiquement, il a été enlevé ou volé et déposé ailleurs.
Aussitôt, v. 4 les disciples partent ensemble en courant au tombeau.
Pierre arrive après le disciple et entre en premier.
Qui est-il ? L’évangile de Jean en trace un portrait contrasté. Au début, il quitte Jean-Baptiste pour suivre Jésus qui l’entraînera sur des chemins imprévus. Il pose souvent des questions au nom des douze : Quelle est la véritable identité de Jésus, est-il vraiment le Messie attendu ? Son cheminement est difficile. Il voulait suivre Jésus jusqu’à la mort « Seigneur, je me dessaisirai de ma vie pour toi » Jn 13, 37, mais il le reniera pendant la Passion. Malgré le geste symbolique du lavement des pieds, il ne comprend pas l’abaissement de Jésus sur la croix.
Encore encombré dans ses contradictions, il court vers le tombeau plus lourdement que le disciple.
En Jn 21, 17 Le Seigneur lui demandera trois fois « m’aimes-tu ? ». En sollicitant un triple aveu d’amour faisant écho au triple reniement, le Christ lui pardonne. C’est à ce renégat pardonné qu’il confie, par pure grâce, la responsabilité de pasteur de la communauté. Ceci explique pourquoi le disciple bien-aimé s’efface pour le laisser passer.
Pierre entre dans le tombeau, voit les linges et le suaire bien rangés, en ordre et à leur place, ce qui exclue le vol ou le déplacement du corps invoqués par Marie Madeleine. Il regarde attentif, mais ne dit rien. Lorsque Lazare est sorti du tombeau au ch 11, on a dû délier ses mains des bandelettes et ôter le suaire de son visage. Ici ils sont pliés et rangés et le tombeau est vide.
Pierre se trouve face à une énigme, il est incapable d’interpréter le signe.
Le disciple innommé arrive avant Pierre.
Qui est ce personnage mystérieux très proche de Pierre, figure centrale de cet évangile, désigné souvent comme « Celui que Jésus aimait » ? Cette expression est toujours utilisée par le narrateur, mais jamais placée dans la bouche de Jésus. On peut penser que ce disciple est tout à la fois un personnage historique témoin oculaires proche de Jésus : « Son témoignage est conforme à la vérité » Jn 21, 24, et un personnage symbolique. L’amour de Jésus n’est pas exclusif : il aimait Marie Madeleine, sa sœur Marthe et leur frère Lazare. Jn. 8, 31 écrit : « Si vous demeurez dans la parole, vous êtes vraiment mes disciples ». On peut dire qu’il est le paradigme du parfait disciple. Chacun d’entre nous est appelé à être ce disciple bien aimé du Christ. Il est pour nous la référence, le modèle dont nous devons nous inspirer.
En se penchant vers le tombeau, il n’aperçoit que les linges posés à plat, mais cela lui suffit. Si Lazare a dû être libéré par d’autres, le disciple comprend que Jésus n’est pas resté prisonnier de la mort, mais qu’il est vivant avec son corps. Son absence est le signe de sa présence vivante auprès de Dieu.
Si le « voir » de Marie Madeleine avait abouti à un malentendu, si celui de Pierre était resté en deçà de toute interprétation, le voir du disciple bien-aimé suscite la foi. Il croit sans que le Ressuscité lui apparaisse. Il comprend la mort du Christ comme une élévation, une glorification.
Le v. 9 met en relief la foi achevée et parfaite du disciple, qui, sans pouvoir encore s’appuyer sur le témoignage de l’Ecriture a su interpréter le signe du tombeau vide.
L’absence de désordre dans le tombeau nous renvoie encore à l’acte créateur de la Genèse, où Dieu sépare la lumière des ténèbres, les eaux d’en bas et d’en haut. Les éléments sortent de la confusion, du chaos : chaque chose est à sa place. Au tombeau, nous assistons à une nouvelle création, un jour nouveau se lève. L’événement de la résurrection n’est raconté dans aucun texte : de par sa nature il échappe à la connaissance historique. Il ne peut être connu que dans la foi, sur l’attestation des témoins. Si nous n’avons pas de preuves de la résurrection, nous pouvons en vérifier les effets sur l’existence transfigurée des croyants au cours des siècles et en tous lieux. Ces témoins n’hésitent pas à donner leur vie, à susciter des vies nouvelles en remettant debout des hommes blessés, bafoués dans leur humanité. Ce fut l’œuvre des saints et des témoins récents comme Mère Térésa ou sœur Emmanuelle, et aujourd’hui de tous les soignants qui n’hésitent pas à mettre leur propre vie en péril pour guérir et faire vivre tous les malades.
Dans la pierre du tombeau, la joie de Pâques nous est offerte. Joie d’un premier jour qui nous renouvelle, nous recrée dans une vie avec le Christ et rien ne nous séparera de son amour.
« Gloire à toi qui étais mort ! Gloire à toi qui est vivant ! Viens Seigneur Jésus »
Texte de Jean 20, 1-9.
01 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
02 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
03 Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
04 Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
05 En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
06 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,
07 ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
08 C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
09 Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.