Commentaire d’Évangile

Commentaire d’Évangile

Dimanche 7 Novembre 2021
32è dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, chapitre 12, 38-44

Depuis la fin du chapitre 11 Jésus enseigne dans le temple de Jérusalem où il doit faire face aux responsables religieux qui contestent son autorité en lui posant des questions pièges. Jésus leur répond magistralement en affirmant, par exemple, que Dieu est le Dieu des Vivants en 12, 27, ou bien en rappelant les principaux commandements de la Loi : aimer Dieu et aimer le prochain en 12, 30-33, si bien qu’ils n’osent plus l’interroger. Au chapitre 14 débutera le grand récit de la Passion.  

En observant le comportement des différents personnages, on peut se demander quel est le vrai culte à rendre à Dieu, qu’est-ce qu’il attend de nous ?

Mise en garde à l’égard des scribes v 38-40

Les scribes qui avaient longuement étudié la Loi de Moïse en étaient des spécialistes. Ces « docteurs de la Loi » la commentaient et enseignaient sa mise en pratique. Ils siégeaient au grand tribunal du Sanhédrin qui se réunissait au temple de Jérusalem pour rendre la justice et ils bénéficiaient des meilleures places dans les synagogues, au premier rang qui, paradoxalement, tournaient le dos aux Tables de la Loi situées face aux fidèles.

Jésus leur reproche avec véhémence de détourner et pervertir la Loi à leur profit dans les domaines politique, économique, judiciaire et religieux, pour mettre en valeur l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes aux autres, et profiter de leur position dominante pour s’enrichir, rechercher le prestige et les privilèges. Certains sont passés maîtres en hypocrisie pour dire et ne pas faire, imposer aux autres des lois qu’ils ne pratiquent pas. Ils ne donnent de l’importance qu’aux apparences, au paraître et n’hésitent pas à vivre sur le dos des pauvres, abusent les plus faibles, par exemple, en monnayant leurs prières.

Leur attitude constitue l’exacte inversion de ce que Jésus attend du croyant et conclue au v 40 qu’ils seront sévèrement jugés. La Parole Véritable démasquera toute leur hypocrisie.

Le geste exemplaire d’une pauvre veuve v 41-44.

Jésus observe la foule donnant de l’argent pour le trésor du temple et évalue les dons en fonction des revenus. Les largesses des riches contrastent avec les deux piécettes de monnaie.

Les veuves ne pouvaient pas hériter de leur mari et leur sort dépendait de la charité publique. Leur malheur les faisait rétrograder en bas de l’échelle sociale, pauvres parmi les pauvres. On peut les comparer aux femmes totalement démunies, qui aujourd’hui vivent sous le seuil de pauvreté. Toute la Loi de Moïse et les prophètes insistent sur le soutien et la protection que l’on doit apporter à la veuve et à l’orphelin.

Jésus appelle ses disciples pour leur faire une déclaration solennelle, très importante v 43 «  Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. » Jésus renverse l’échelle de valeurs en substituant celle du don à celle de l’argent. En effet, les riches ont donné de leur superflu et ne manquent de rien. Par ce récit, nous comprenons que la différence entre les dons n’est pas quantitative, mais qualitative. Cette femme sans grands moyens possède une grande richesse spirituelle.

« Elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » v 44. Jésus compare le surplus des riches à la pénurie de la veuve. Il constate les faits, sans condamner les riches et sans féliciter la pauvre veuve. Il remarque simplement qu’elle a tout donné. Son geste représente le don de sa vie à Dieu. Sa foi est si grande qu’elle lui fait confiance. Elle n’a pas regardé le don des autres pour s’apitoyer sur son sort, mais a donné sa pauvreté, et n’a plus rien pour vivre. Ce don peut nous paraître déraisonnable. Seul l’amour de Dieu peut justifier son attitude. Elle s’en remet totalement à lui, elle lui donne toute sa vie.

Les chapitres suivants de cet évangile sont consacrés à la Passion au cours de laquelle Jésus va tout donner, donner sa vie par amour pour nous.

Quel est le vrai culte à rendre à Dieu ?

On remarque que Jésus ne fait pas une leçon de morale pour souligner la pingrerie des uns et la générosité de la femme. Elle est prisonnière et victime d’un système de valeurs, mis en place par les autorités, qui l’incite à donner pour le temple dont Jésus annonce la destruction prochaine dans le paragraphe suivant notre récit au ch. 13, 2. Cette scène met en jeu des réalités profondes où se joue l’existence même. Le « paraître » des scribes est condamné au profit de « l’être vrai » de la veuve. Saint Paul affirme dans sa lettre au Corinthiens 3, 16 « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? ».

 On peut dire que le don de la veuve est l’acte cultuel par excellence : il est fait par amour de Dieu. Elle devient un modèle pour tous les croyants qui rendent un culte en esprit et vérité, sans pervertir la loi, mais en retrouvant son fondement : aimer Dieu et le prochain. Elle peut être la parabole de l’existence même de Jésus qui a donné sa vie et qui est source de vie.

Ce récit nous invite à la cohérence : se dire chrétien, c’est accepter de donner sa vie, se mettre au service de ses frères : « Si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie » Mc 10, 44-45.

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme de toute ta force,

Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Lucien Deiss

Évangile de Marc 12, 38-44

38 En ce temps-là dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques,

39 les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.

40 Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

41 Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.

42 Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.

43 Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.

44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »