Commentaire d’évangile

Commentaire d’évangile

Dimanche 27 février
8ème dimanche ordinaire

L’une des raisons de nous retrouver chaque dimanche est la joie de rencontrer des personnes avec qui nous partageons la même foi. Pour avancer malgré les épreuves, les tensions ou dans le combat de la vie, nous avons besoin de la présence de nos frères.

Aujourd’hui, nous lisons trois paraboles très courtes dans lesquelles Jésus met en lumière les exigences d’une vie chrétienne fondée sur l’accueil, l’écoute, l’amitié et le partage avec nos frères.

A quelles conditions, une personne peut-elle en guider une autre ?

« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » Pour aider une personne à voir clair, il est d’abord nécessaire de voir clair en soi, d’avoir assaini son cœur et son esprit. On ne peut pas guider spirituellement quelqu’un quand on se croit supérieur, quand on pense connaître La Vérité et savoir ce qui est acceptable.

Chaque croyant est appelé à faire d’abord un travail sur lui-même en laissant l’Esprit Saint l’arracher aux ténèbres de l’orgueil, de la jalousie pour l’ouvrir à la lumière du Christ et accueillir sa douceur et son humilité. Alors, seulement « Chacun sera comme son maître », pourra imiter le Christ. Devenir semblable à « son maître », à Jésus, c’est se mettre au service du frère, au service de tous ceux qui souffrent pour les aider à vivre ou survivre.

Pourquoi ne doit-on pas s’ériger en juge ?

Se mettre au service d’un frère ne consiste pas à le juger, à juger sa façon d’être ou de se conduire.  Dans le but de l’aider, nous dénonçons parfois ses faiblesses, ses erreurs, ses mauvais choix. Nos paroles peuvent être blessantes, paraître mal intentionnées et font l’effet d’un jugement.  

Attachés plus que tout à faire appliquer La Loi et le Bon Ordre, nous ne tenons pas compte de la situation particulière de la personne.

Comment aurions-nous réagi dans une situation semblable ?

Notre intransigeante incompréhension masque notre propre faiblesse : nous nous sentons attaqués par l’attitude du frère et en dénonçant son comportement, nous enfouissons inconsciemment au plus profond de nous nos propres manquements graves, nos propres difficultés : « la poutre ». En cela, nous nous conduisons en « hypocrites », aveuglés par notre propre image faussement parfaite, qui ne nous renvoie finalement qu’une image déformée du frère.

Voyons-nous « la poutre qui est dans notre œil » ? Nous ne pouvons pas dénoncer, donner des leçons et ainsi exclure le frère sans avoir fait, d’abord en nous-mêmes, un travail de vérité sous le regard de l’Esprit Saint. Ensuite seulement, nous pourrons dire une parole accueillante et constructive.

Jésus est venu non pour juger, mais pour sauver la personne. Il ne condamne ni la samaritaine, ni la pécheresse. Au contraire il les relève dans leur humanité, les accueille, leur offre une espérance, un avenir : « Va, et désormais ne pèche plus » Jn. 8, 11.  Ce n’est qu’en reconnaissant avec humilité mes propres faiblesses, mon imperfection qu’il sera possible d’« enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère »

En quoi la parabole de l’arbre et de ses fruits éclaire- t-elle sur la source de l’agir?

Cette troisième petite parabole nous aide à comprendre les précédentes.

Ce ne sont pas nos paroles mais nos actes qui dévoilent le fond de notre cœur. Seul un cœur qui a écouté et accepté la parole de Dieu, qui s’évertue à la mettre en pratique produira de bons fruits, des actes et des paroles réconfortantes, qui pourront aider un frère dans la peine. Notre parole ne doit pas déchirer autrui comme des « épines » ou des « ronces ». Nous ne pouvons l’aider qu’à la condition de ressembler à « l’homme bon »   qui « tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ». Il n’y a pas de duplicité ni d’hypocrisie possible.

En Mt 5, 45 nous lisons que Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes ». Il ne juge pas, ne condamne pas, mais dans son amour infini il accueille chacun, espère et croit en chacun d’entre nous. Reconnaître les qualités de nos frères, leurs bons fruits, permet de leur donner une juste place dans notre communauté humaine et chrétienne, dans le groupe auquel nous appartenons.

Ces petites paraboles indiquent quelle doit être l’attitude du croyant, disciple du Christ en marche vers le Royaume de Dieu. La prière, en particulier l’appel à l’aide de l’Esprit Saint, aide à voir clair en nous-mêmes, à voir la poutre de notre œil pour travailler à l’éradiquer. C’est un travail difficile, de longue haleine qui demande beaucoup d’humilité.

Seules nos bonnes actions reflétées par la bonté de notre regard et de nos paroles favorisent l’accueil et l’écoute bienveillante de nos frères.

« A ce monde que tu fais chaque jour avec tendresse,

Donne un cœur de chair, donne un cœur nouveau.

A ce monde où tu voudrais plus de joie, moins de détresse,

Envoie ton Esprit, un Esprit nouveau.

Sur les hommes qu’il t’a plu de créer à ton image

Viennent les cieux nouveaux

et la nouvelle terre où la justice habitera. »

Didier Rimaud

Evangile de Luc 6, 39-45

39 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?

40 Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.

41 Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ?

42 Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

43 Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.

44 Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.

45 L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.