Commentaire d’évangile

Commentaire d’évangile

Dimanche 10 janvier

Baptême du Seigneur

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 7-11.

Aujourd’hui, nous célébrons la fête du baptême de Jésus qui termine le cycle de Noël et inaugure sa vie publique. Le fait que les quatre évangiles en témoignent dit toute l’importance de cet événement. Le récit de Marc, le plus court, ne s’attache qu’à l’essentiel. Contrairement à Matthieu et Luc, nous n’avons ici aucune information biographique sur Jésus, ses parents, son métier etc. Nous sommes au début de l’évangile et déjà Marc nous dévoile tout le mystère de sa personne, son identité de messie.

On peut se demander pourquoi Jésus est allé vers Jean le Baptiste pour se faire baptiser ?

La scène met en présence les deux protagonistes. Ils ne dialoguent pas et nous constatons qu’un abîme les sépare.

V 7-8 : Jean le Baptiste :

Il annonce la venue d’un grand personnage inconnu et s’abaisse d’emblée dans la position la plus humble face à « celui qui est plus fort que moi ». Il ne se trouve même pas digne de « défaire la courroie de ses sandales », acte si humiliant qu’il était réservé aux esclaves non juifs. Jésus prendra cette attitude en Jean 13 pour laver les pieds de ses apôtres.

Le v. 8 en soulignant le contraste entre les deux baptêmes, accentue la différence irréductible entre les deux personnages.

Baptiser signifie littéralement plonger dans l’eau.

Ceux qui demandent à Jean le baptême par immersion dans l’eau se repentent de leurs péchés et souhaitent changer de vie.

« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Dès ce premier chapitre, Marc nomme l’Esprit Saint qui dépasse l’ordre naturel des eaux du Jourdain : ce baptême n’est pas d’eau. L’Esprit est insaisissable, il évoque le souffle, le vent. « Celui qui vient derrière moi, celui qui est plus fort que moi » rendra possible une plongée dans un souffle capable de pénétrer l’homme, de l’inonder d’une « sainteté » qui l’apparente au seul Dieu Saint, qualifié aussi de Fort dans la bible.

V 9-11 : Jésus

L’évangéliste nomme solennellement celui qui vient de Galilée. Cette région tiendra une grande place dans l’évangile et Nazareth est une petite bourgade méprisée « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Jn 1, 46. Aucune parole de Jésus ou de Jean n’éclaire ce baptême. Seuls les versets suivants écrits par Marc permettent de l’interpréter.

« Aussitôt » relie les deux baptêmes. La remontée de Jésus correspond à la descente de l’Esprit. Jean le Baptiste, dernier grand prophète de l’Ancien Testament disparait, mais « Aussitôt » introduit une continuité en lien avec Celui qui vient.

Jésus a une vision : « Les cieux se déchirent ».  Dans les temps anciens, le prophète Isaïe suppliait Dieu d’avoir pitié de son peuple car la relation était rompue à cause du péché. Les cieux étaient fermés : « Ah, si tu déchirais les cieux et si tu descendais » Is.63,19. Maintenant cette prière du prophète s’accomplit, la clôture du domaine inaccessible de Dieu se brise pour communiquer avec l’homme. Au moment de la mort de Jésus, en Mc. 15,38, le voile du temple se déchirera.

L’Esprit descend « comme une colombe ». Il est impossible de trancher entre l’apparence et la réalité. L’Esprit, telle une colombe s’apparente au souffle divin de création qui plane sur les eaux en Gen 1,2 ou en Gen 8,1. Ici, l’Esprit descend sur Jésus : il s’agit d’une nouvelle création.

La colombe en Gen 8,9-12 signifie le don divin. La fin du déluge marque la réconciliation de Dieu avec l’humanité.

Dès le début de l’évangile, nous apprenons qui est véritablement Jésus. Une voix céleste affirme « Tu es mon Fils bien-aimé ». La frontière entre le ciel et la terre n’existe plus, puisque l’homme Jésus est Fils de Dieu. Cette identité céleste est réaffirmée par son Père au centre de l’évangile dans l’épisode de la Transfiguration en Mc 9, 7, puis confirmée par un centurion romain au moment de sa mort en Mc 15,39. Lors de l’intronisation royale des rois à Jérusalem on prononçait sur lui la même affirmation : dans le Ps. 2,7 on lit : « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».

Marc affirme son lien tout à fait exceptionnel avec Dieu : « En toi, je trouve ma joie » La relation s’affirme pour elle-même. Rien n’est dit au sujet d’une quelconque mission ou d’un programme de vie. Aucune ambition ou intérêt ne sont exprimés. Le Fils bien-aimé est unique.

Pourquoi Jésus demande-t-il le baptême ?

Puisqu’il fait la joie du Père, il n’a aucun péché à se reprocher et donc n’a aucune raison de se repentir en demandant le baptême de Jean. En descendant dans l’eau, il s’identifie au peuple pécheur, en devient solidaire. On peut dire qu’il s’agit d’un premier pas vers la Croix.

Par ce baptême de Jésus dans l’Esprit, le Père le reconnaît comme Fils bien aimé. Il n’est pas question de péché ni de repentance. Mais une histoire d’amour s’ouvre entre Dieu et l’homme Jésus. Cet amour s’accomplira en plénitude à la croix.

Jésus Christ, rempli d’Esprit Saint, accomplira sa mission de Fils en nous révélant qui est son Père, en nous incitant à devenir aussi, dans l’Esprit, des enfants de Dieu. A la Pentecôte, ses disciples furent remplis d’Esprit Saint. Il nous invite à le suivre, à devenir disciple, à nous laisser habiter par son Esprit. Par notre baptême en Christ nous devenons enfants adoptifs de Dieu et membres du Corps du Christ. Le baptême nous plonge dans l’Esprit Saint, dans l’amour divin. Toute notre vie s’en trouve changée, métamorphosée.

« Souffle de vie, Force de Dieu, viens Esprit Saint pour envahir toute la terre,

Viens Esprit Saint, que du ciel descende le feu de ton amour. »

Jean Vergriette

Texte Biblique : Mc 1, 7-11

En ce temps là, Jean le Baptiste proclamait :

7 « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.

08 Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

09 En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

10 Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.

11 Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

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