Commentaire d’évangile

Commentaire d’évangile

Dimanche 26 mars 2023

5ème dimanche de Carême

Évangile selon St Jean, 11 (1 – 45)

La mort est une réalité incontournable de l’expérience humaine. L’évangéliste Jean, qui écrit après Pâques, souhaite nous faire découvrir comment la vie se manifeste au sein même de la mort et la dépasse.

Il a placé ce récit entre la vie publique de Jésus et la semaine de la Passion qui aboutira à la croix.

Les v.1 à 6 présentent la situation dramatique vécue par les personnages. Deux sœurs Marthe et Marie envoient un émissaire annoncer à Jésus que son ami est malade. Au v. 4, il se contente d’affirmer que « cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié ».

Jésus est-il vraiment celui qui nous donne la vie, celui qui nous permet de surmonter les épreuves de l’existence ? 

– Jésus et les disciples v. 6-16 :

V.11-12 Ils se méprennent sur les propos de Jésus qui n’envisage pas le destin de Lazare dans nos catégories humaines. En effet, au lieu de se précipiter à son chevet, Jésus attend deux jours pour revenir en Judée où il découvrira que Lazare est mort. En réponse aux disciples, il se contente de citer le proverbe des v. 9-10  pour signifier qu’il lui reste encore un peu de temps avant la nuit de sa passion pour terminer son œuvre de Révélation. Lazare est bien mort et Jésus se réjouit au v. 15 car lorsqu’il reviendra à la vie la gloire de Dieu éclatera et les disciples croiront que Jésus est bien le Fils de Dieu du v.4.

Enfin Jésus décide d’aller voir Lazare. Cette décision incompréhensible fait peur à Thomas à cause des juifs qui cherchent à lapider Jésus. Cependant, en vrai disciple il propose de le suivre : « Allons-y nous aussi pour mourir avec lui » v. 16.

– Jésus et Marthe v 17-27 :

Elle quitte le groupe des personnes en deuil pour aller à la rencontre de Jésus. Dommage qu’il ne soit pas arrivé plus tôt ! Marthe croit en son pouvoir de thaumaturge et à l’efficacité de sa prière car il entretient une relation unique avec son Père « tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera » v 22.

La réponse de Jésus au v. 23 « ton frère ressuscitera » induit un malentendu chez son interlocutrice au v. 24. En effet, la croyance populaire juive situait la résurrection des morts à la fin des temps, « au dernier jour ».

Le dialogue culmine aux v. 25-26 « Moi, je suis la résurrection et la vie… Qui croit en moi, vivra ».

Cette affirmation a un caractère relationnel : Jésus est résurrection en tant qu’il offre sa vie à quiconque vit et croit en lui. Jésus ne parle pas au futur, mais au présent. La plénitude de vie n’est pas offerte au croyant comme une espérance devant se réaliser après sa mort, mais elle est un don reçu ici et maintenant dans la foi. Le croyant reçoit une vie nouvelle : Il est ressuscité. La mort physique qui reste inéluctable, est sans importance puisque la puissance de la mort ne pourra pas le séparer de la vie avec Dieu. Jésus ne propose pas une théorie sur la vie et la mort. La vie promise et donnée ne peut être ni décrite, ni démontrée car elle est au-delà de nos possibilités humaines. Elle ne peut qu’être accueillie dans la foi.

La réponse de Marthe au v. 27 « Oui, Seigneur, je le crois » sera reprise dans notre « Je crois en Dieu » dominical. Elle affirme qu’il est le Christ, le Fils de Dieu, le Messie attendu : l’envoyé du Père.

– Jésus et Marie v. 28-37 :

La sœur de Marthe et de Lazare, reste dans le registre du deuil : Le v. 2 rappelle qu’au chapitre 12 elle oignit les pieds de Jésus juste avant la Pâque et donc juste avant sa passion et sa mort. Arrivée près de Jésus, au v. 32 elle exprime la même attente confiante que sa sœur dans son pouvoir de thaumaturge et elle utilise les mêmes mots. Cependant, le chagrin de Marie traduit son impuissance et son absence d’espérance face à la mort. Il manque la profession de foi. Elle fait corps avec les juifs qui l’accompagnent et se méprennent sur son initiative de sortir et partir du v. 31.

Leur attitude bouleverse Jésus. Il pleure. Les v. 36-37 tentent de nous en donner la raison. Il aimait Lazare et ses sœurs. Serait-il impuissant face à la mort qui détruit l’œuvre de Dieu ?

– Jésus et Lazare v. 38-44.

La description du tombeau v. 38-39 anticipe celle de la sépulture de Jésus au ch.20. La remarque de Marthe prouve que la mort a fait son œuvre. Au v. 40 Jésus affirme que pour voir la gloire de Dieu, il faut d’abord croire. Jésus prie son Père, en parfait croyant il est certain d’être déjà exaucé. C’est pourquoi au lieu de demander, il rend grâce.

La parole agissante de Jésus v. 43 fait sortir Lazare du tombeau vers la vie. Le v. 44 constate le miracle. Jésus ordonne de le libérer de ses attributs mortuaires, pour lui permettre de reprendre sa vie d’homme libre au milieu des vivants.

La manifestation de la gloire de Dieu, advient dans la parole agissante de son Fils. Jésus est donc bien résurrection et vie. Celui qui croit en l’envoyé du Père, Jésus-Christ, a la vie éternelle.

Le miracle est raconté en deux versets. Dans ce récit, Lazare est totalement passif et silencieux même après sa sortie du tombeau. Il est celui qui fait démarrer l’histoire, provoque les prises de paroles des autres personnages, mais le principal héros est le Christ.

L’épilogue du v. 45 précise que la vue du miracle a provoqué  la foi en Jésus chez de nombreux juifs.

Bien sûr, cet épisode nous renvoie à la résurrection de Jésus dont nous ignorons tout, excepté le fait qu’il s’est libéré lui-même de ses bandelettes et qu’il est vivant.

Finalement, le retourà la vie de Lazaren’est ni le centre, ni le point principal du récit car il devra mourir comme chacun de nous, mais le miracle signifie que : Jésus est la résurrection et la vie, il nous donne la vie.

Par cette affirmation, nous croyons que la mort n’aura pas le dernier mot en nous.

Les larmes de Jésus sont aussi celles de l’amour de Dieu pour nous, devant la puissance de la mort qui veut détruire son œuvre de vie.

Dans la foi, nous pouvons entendre l’appel de Jésus à sortir, nous aussi, des tombeaux de la peur et du péché, nous pouvons aussi ôter les bandelettes de nos proches, les délier de tout ce qui peut les entraver et les empêcher d’entrer dans la vraie vie divine.

« Dieu, qui nous appelles à vivre,

Brises nos chaînes, fais en nous ce que tu dis. »

Texte Jn. 11, 1-45

 01 En ce temps là, Il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur.

02 Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade.

03 Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »

04 En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »

05 Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.

06 Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.

07 Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. »

08 Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? »

09 Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ;

10 mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. »

11 Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. »

12 Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. »

13 Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.

14 Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort,

15 et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! »

16 Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

17 À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.

18 Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –,

19 beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.

20 Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison.

21 Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.

22 Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »

23 Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »

24 Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. »

25 Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;

26 quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

27 Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »

28 Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. »

29 Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.

30 Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.

31 Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.

32 Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »

33 Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,

34 et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. »

35 Alors Jésus se mit à pleurer.

36 Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »

37 Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

38 Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.

39 Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. »

40 Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »

41 On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé.

42 Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »

43 Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »

44 Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » 45 Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.