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Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu – 9, 36-10,8
Face à toutes les formes de violences, aux horreurs qui agitent notre monde, les chrétiens continuent de prier un Dieu « tout puissant ». Où est-il et que fait-il ? La page de l’évangile de Matthieu que nous lisons aujourd’hui, nous propose un élément de réponse à cette question.
Quelle est la réaction de Jésus face aux foules désorientées ?
- 1) Jésus est « saisi de compassion » v. 36.
Aujourd’hui, nous pourrions traduire par : « Il fut pris aux tripes » : ces foules « sont abattues comme des brebis sans berger » elles n’ont plus de repère, sont dispersées, leur vie n’a plus aucun sens. Actuellement, beaucoup de personnes sont dans la même situation, désespérées, victimes d’injustices, de mensonges de violences, des guerres etc… Jésus est « saisi de compassion » : c’est la tendresse, l’amour pour nous de Dieu son Père qui désire ardemment partager gratuitement sa vie avec nous, qui s’expriment en Jésus. - 2) au v. 37, il demande à ses disciples de prier « le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » :
Dans la Bible, la moisson est une image du jugement divin qui se produira à la fin des temps. Elle rassemblera les brebis perdues d’Israël sous la houlette de Dieu, le seul et véritable berger. Il s’agit de les sauver, de les faire vivre, de redonner sens à leur vie. Prions Dieu de trouver une solution, c’est à dire « d’envoyer des ouvriers ». Lui seul peut avoir l’initiative. C’est ce que fit Jésus en appelant ses douze disciples. On ne peut répondre à cet l’appel que dans la prière. - 3) Qui sont les ouvriers de la moisson, c’est à dire les missionnaires ?
En 10,1, « Jésus appela ses douze disciples ». Pourquoi douze ? Peut-être symbolisent-il les douze tribus d’Israël, la totalité du peuple élu par Dieu dans la Bible. Jésus a missionné, appelé, des personnes pour cette mission de moisson, par pure grâce. On remarque qu’il choisit des hommes sans grand pouvoir humain pour bien montrer que la mission n’est pas le fruit d’une notoriété sociale, n’est pas l’apanage d’une élite intellectuelle ou religieuse de l’époque, mais elle est l’accueil, la réponse à un appel. On peut noter l’humour de Dieu qui appelle des personnalités très disparates : le premier, Pierre, pécheur de métier, qui jouera un rôle particulier, reniera Jésus au moment de la Passion ; un publicain, Matthieu, collecteur d’impôt, détesté par le peuple ; Simon le zélote, ultranationaliste ; Thomas doutera de Jésus au soir de sa résurrection et Judas le trahira. Notons que Dieu aime appeler des gens modestes. C’est cette communauté humaine avec ses limites, ses rivalités internes que Jésus appelle. Ils représentent tous ceux qui seront appelés à la suite du Christ à la mission - 4) En quoi consiste la mission ?
« Sur votre route, proclamez que le royaume des cieux est tout proche » Tel est l’unique objectif, le but de la mission. En bon juif, Jésus a totalement répondu à l’appel divin : annoncer le règne de Dieu pour relever Israël qui s’est totalement dévoyé. En cela, Jésus accomplit l’Ecriture, car le judaïsme auquel il appartient est le premier destinataire de la Bonne nouvelle (v. 5b-6), et il se heurtera à son refus. Il faudra attendre la fin de son ministère, sa passion et sa résurrection pour que l’Evangile s’ouvre à toutes les nations : Mt 28, 19. Alors, la nouvelle communauté ecclésiale universelle à laquelle est appelée toute l’humanité sera le nouvel Israël. Etre missionnaire, s’est manifester par sa vie, la miséricorde, l’amour divin, c’est participer à la mission du Christ. - 5) Quels sont les outils de la mission ? v. 10,1 ; 8a.
Jésus leur confère l’autorité qu’il a reçu de son Père, ils collaborent à son œuvre. Ils participent à la puissance de vie du Christ pour actualiser ses actes et ses paroles salutaires. Leur mission est étroitement liée à celle de Jésus. En effet, leur « pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité….ressusciter les morts, purifier les lépreux » est le signe de l’action divine. Ils agissent « Au nom de ». Ces miracles sont les signes attestant de la réalité du règne de Dieu. - 6) La condition de la mission :
« Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » Dès le v. 9,36, on constate que Jésus est saisi de compassion pour des foules qui ne lui ont rien demandé. Il agit gratuitement, pour répondre à la mission confiée par son Père : proclamer que le royaume de Dieu est proche. Ce royaume est le don gratuit : celui de vivre en harmonie avec Dieu en répondant à son amour, à son appel. La mission est donc un don accueilli et partagé gratuitement. L’apôtre, c’est à dire le croyant doit manifester par sa vie la gratuité du don de Dieu, de son royaume d’amour. Cet amour sauveur ne s’achète pas, ne se mérite pas, il se reçoit dans la foi comme un don libérateur. La crédibilité de l’envoyé repose sur son désintéressement. L’apôtre doit vivre dans cette gratuité donnée, reçue et qu’il doit transmettre.
Conséquence de l’appel.
Dès le récit de la création, la Bible nous indique que Dieu a créé l’homme à son image, selon sa ressemblance. L’appel a pour conséquence que Dieu se fait discret pour respecter notre liberté. Maintenant, nous devons agir, nous sommes responsables de Dieu (Zundel). Nous sommes mandatés, appelés pour faire advenir son règne. Jésus resta discret pendant 30 ans et sa vie publique ne dura que trois ans. « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? » Demandent les mages. Tellement discret qu’il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reconnu. Tellement discret qu’après sa résurrection, leurs yeux furent incapables de le reconnaître. En nous appelant, il reste discret : notre réponse libre et gratuite nous engage à vivre à la suite de Jésus, dans sa discrétion :
Nous devons sortir vers « les brebis désemparées » parce que Jésus a vécu au bord du lac et non au temple, à Capharnaüm, ville infernale et non à Jérusalem où il fut mis à mort. La puissance de Dieu réside dans son retrait, sa discrétion pour nous laisser libres d’agir. Aujourd’hui encore, les foules découragées, sont la proie de nombreux semeurs d’illusions, ont perdu tous leurs repères. Nous devons prier « le maître de moisson d’envoyer des ouvriers » et répondre à son appel. Jésus lui-même a passé des nuits entières à prier.
« Notre Père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite »
Texte de Matthieu 9, 36 – 10, 8
9, 36 Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger.
37 Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.
38 Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
10, 1 Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité.
02 Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
03 Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ;
04 Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.
05 Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.
06 Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
07 Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
08 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement.