Dimanche 26 septembre 2021
26ème dimanche ordinaire
Evangile selon Saint Marc 9, 38-48
Qui peut se dire disciple ? Où se situe la ligne de démarcation entre ce groupe et les autres ? L’évangile d’aujourd’hui paraît déroutant et les injonctions de Jésus semblent inapplicables. De fait, il nous invite à réfléchir sur nos préjugés, nos exclusions, nos rejets des autres.
V 38-40 : Le groupe des disciples est-il le seul dépositaire de l’usage du nom de Jésus ?
« Jean, l’un des douze », a empêché une personne, qui ne fait pas partie de ce cercle, de chasser les démons au nom de Jésus. Le disciple souhaite réserver au groupe dépositaire l’exclusivité de l’usage du nom de Jésus, et la concurrence des personnes extérieures lui paraît inacceptable.
Au v.39 la réaction de Jésus et sa réponse sont nettes : il s’oppose à la délimitation et à la fermeture du groupe. Le cercle des douze ne doit pas être une secte. Le seul critère d’appartenance est ce que la personne dit à son sujet. En effet, celui qui chasse les démons « en mon nom » n’est pas propriétaire de l’énergie mise en action. L’efficacité de l’acte signifie que Jésus en personne agit. En conséquence de quoi, au V.40 il élargit considérablement l’action divine : elle n’est pas l’apanage exclusif d’un groupe fermé. Il met en place un critère relationnel : être « pour » ou « contre » nous.
Le nom de Jésus en hébreu signifie « Dieu sauve ». La puissance divine se joue des frontières, elle est libre et imprévisible. Une personne extérieure au cercle des douze peut invoquer son nom sans se l’approprier : de même, lorsque Jésus agit, il ne s’attribue pas la force qui sort de lui : elle vient de Dieu son Père qui l’a envoyé dans le monde. Il n’agit que pour éveiller la foi en sa Parole et en sa source divine. Il ne s’agit plus d’appartenance à un groupe, mais de relations : Bien ou mal parler de Jésus, être pour ou contre Lui.
Le nom de Jésus est ouvert et disponible pour tout homme qui l’invoque.
V 41-48 : A quelles conditions peut-on être disciple ?
V 41 Donner un verre d’eau est un geste d’hospitalité très simple qui prend sens dans l’ordre des relations interpersonnelles, puisque à celui qui donne « au nom de », Jésus promet solennellement une récompense : « Amen, je vous le dis ». La suite du texte permet d’avancer qu’il s’agit de la vie éternelle, d’entrer dans le Royaume de Dieu. Une relation est nouée entre celui qui donne et le « Christ » (Celui qui a reçu l’onction, l’envoyé de Dieu).
Les verset suivants, au contraire, indiquent de façon imagée les châtiments encourus par ceux qui n’agissent pas « Au nom » du Christ. Non seulement Ils mettent en péril la relation que les croyants peuvent entretenir avec le Christ, mais ce faisant, ils mettent aussi en péril leur propre relation, leur propre foi en Christ.
V. 42 le scandale est l’obstacle sur lequel on bute et qui cause une chute :
– Celle d’autrui, du « petit », est grave car il s’agit d’un croyant. Ainsi, détourner de la foi, un croyant qui met toute sa confiance en Dieu comme un enfant, le désorienter, soit par des gestes, une attitude choquante, soit par des propos fallacieux ou tendancieux, non seulement le font tomber, mais font aussi tomber l’auteur du scandale avec lui. En effet si ce dernier paraît d’abord en position de force, de domination vis à vis de ce petit, s’il le fait tomber, le châtiment sera terrible puisque sa chute sera mortelle : « Qu’on le jette à la mer ».
Ce ne sont pas uniquement ceux du dehors qui menacent la cohésion du groupe, le vrai danger peut venir aussi du dedans, de l’intolérance des chrétiens qui croient détenir la vérité et restent fermés aux autres.
– Les versets 43-48 concernent ce qui pourrait occasionner directement notre propre chute ou pour le dire autrement, quelles sont les conditions d’entrées dans la vie divine, d’entrer en relation avec le Christ ?
La main, le pied et l’œil peuvent, soit symboliser le vol, la violence, la convoitise, soit nous permettre d’entrer en relation, de manifester ou non l’amour du prochain.
On remarque que Jésus utilise l’image d’organes doubles : en effet, il s’agit simplement de trancher ce qui est mauvais en nous pour vivre avec le Christ. Il serait utopique de penser que nous sommes totalement parfaits, purs, parfaitement dignes de mériter la vie éternelle. Choisir de suivre le Christ, de vivre selon l’éthique Chrétienne, impliquent la conversion de notre vie, nous devons faire des choix, retrancher uniquement nos mauvais penchants pour renoncer à ce qui pourrait nous éloigner du Christ, afin de lui faire confiance, d’accueillir sa Parole, et c’est l’œuvre de toute une vie.
A l’intolérance des disciples, Jésus oppose l’accueil universel de tous les hommes qui agissent « en son nom », de tous ceux qui font reculer le malheur ou la haine dans le monde, et qui œuvrent pour plus de justice.
Finalement, la ligne de partage entre les disciples et les autres, est ordonnée à la personne de Jésus.
Le disciple est celui qui défend une certaine conception de l’homme au nom du Christ : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25,40
« Dieu est à l’œuvre en cet âge, ces temps sont les derniers.
Quelle est la tâche des hommes que Dieu vient rassembler,
Afin de bâtir le Royaume du Prince de la Paix ?
Que peut-on faire pour hâter ce jour tant espéré
Où l’Éclat du Seigneur remplira l’univers ? »
Didier Rimaud.
Evangile : Marc 9, 38-43.45.47-48.
38 Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
39 Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
40 celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
41 Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
42 « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
43 Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.
45 Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
47 Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
48 là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.