Dimanche 2 Janvier
L’épiphanie
Évangile selon saint Matthieu 2,1.12
L’épiphanie
« Epiphanie » signifie en grec « Manifestation, dévoilement ». Noël et l’Epiphanie sont les deux versants d’une même fête : la naissance du Sauveur et sa manifestation dans l’humanité. L’Epiphanie est souvent appelée la « fête des Rois », alors que le récit ne mentionne que des mages.
Et pourtant, il est bien question de rois puisqu’une couronne royale est en jeu.
– Le roi Hérode tient son pouvoir royal des autorités romaines et en est très fier, mais la population le haït à cause de sa cruauté. Il est jaloux de son pouvoir, est prêt à tout pour éliminer un éventuel rival.
– Le roi des juifs attendu est annoncé dans les Ecritures. Il délivrera son peuple du joug des romains et rétablira la suprématie du peuple de Dieu au milieu des nations. Est-il ce Jésus, faible nouveau-né couché dans la crèche ?
Notre récit mentionne deux villes :
Bethléem : Jésus est né dans cette minuscule bourgade pauvre, citée plusieurs fois dans l’Ecriture : David, premier roi berger d’Israël en était originaire ; les prophètes annoncent que le Messie attendu, le véritable chef berger d’Israël naitra en ce lieu.
Jérusalem : la grande capitale où sont érigés le Temple et le palais royal, lieu de résidence des autorités politico-religieuses et de toutes les personnalités importantes d’Israël.
Nous rencontrons deux groupes de personnages :
Les grands prêtres et les scribes du peuple et « tout Jérusalem » personnalisé. Ils connaissent bien l’Ecriture qui leur permet de détenir la vérité et la sagesse. Ils y puisent les bonnes réponses aux questions posées mais restent immobiles, enfermés dans leur savoir théorique. Cet immobilisme signifie leur opposition et leur incrédulité à l’annonce de l’heureuse nouvelle. On retrouve ce groupe de personnages pendant la Passion de Jésus. Ils le feront condamner à mort au cours de son procès.
Des mages venus du paganisme oriental arrivent dans la capitale à la recherche v. 2 du « Roi des juifs qui vient de naître » probablement dans le palais royal. Qui sont-ils ? Des astronomes, sûrement des sages, des chercheurs. Pour les anciens, l’apparition d’une étoile annonçait la naissance d’un grand homme au destin exceptionnel. Ces savants avaient peut-être entendu parler des prophéties annonçant un astre issu de Jacob qui deviendrait un chef, ou bien d’un sceptre qui se lèverait issu d’Israël.
Enfin l’étoile :
Apparue dans le ciel d’orient, elle ne réapparait que lorsque les mages quittent Jérusalem, haut lieu religieux et politique, pour les conduire à Bethléem vers le Nouveau-né.
Comment pouvons-nous lire ce récit ?
– On note un grand contraste entre la démarche positive des mages païens savant mais ignorants en Ecriture, ouverts à la nouveauté, chercheurs de vérité, et l’indifférence et l’opposition des autorités politico-religieuses juives. C’est tout le destin du Christ que Matthieu nous dévoile en filigrane. Ce récit évoque le conflit à venir entre Jésus et son peuple. La convocation par Hérode des grands prêtres et des scribes préfigure le procès de Jésus. Ils inscriront sur la croix la cause de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des juifs» Mt 27, 37.
– Dès le début de son évangile les païens sont associés à la Révélation divine. Ils préfigurent l’universalisme chrétien : si la sagesse humaine met en route ces chercheurs du sens ultime, ouverts à l’imprévu, ils s’informent, avancent en prenant des risques. L’étoile les guide, non vers un palais royal, mais vers l’inattendu, l’inouï d’un Roi né humble et pauvre dans un petit village.
– La beauté de la création, son mystère, ici figurés par l’étoile, nous orientent vers Dieu, ou plutôt, Dieu s’approche de nous et s’invite dans notre regard. Les mages cherchaient les traces de Dieu dans la création. Ils ont vu l’étoile et ont reconnu le signe, ils ont cru. Leur joie est immense au v. 10 : « Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie ».
Cette joie contraste avec l’immobilisme, la peur des autorités enfermées dans leurs certitudes et leur vérité. Ils deviendront violents et meurtriers puisqu’ils ne laissent pas de place à l’initiative divine libre et souveraine.
– Les mages le reconnaissent comme vrai Roi des juifs : le « Christ » du v. 4 puisqu’ils offrent l’or royal, l’encens qui monte vers le ciel car Jésus est bien d’origine divine, et la myrrhe qui rappelle que le Fils de l’homme est mortel et qu’il mourra à Jérusalem.
– Le passage des mages par Jérusalem est indispensable. En effet, Dieu nous parle dans l’Ecriture. Elle seule nous donne les clés pour bien interpréter les signes divins dans la création ou dans les « hasards » de la vie. Elle nous indique le chemin où se fera La Rencontre. Foi et raison, création et Ecriture sont les deux piliers qui nous conduisent au Dieu Vivant incarné dans le Nouveau-Né.
Dieu ne se manifeste pas dans la puissance du monde, mais dans l’humilité de son amour offert. Saurons-nous le reconnaître et dire « Oui » ?
Avec les mages, suivons la Véritable Lumière qui est le Chemin, la Vérité, la Vie.
« Illumine mes yeux, ô Lumière divine, viens, montre-toi à moi, je te verrai, Toi, la joie de mon cœur »
Saint Augustin.
Evangile de Matthieu 2, 1-12
01 Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
02 et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
03 En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.
04 Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
05 Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
06 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
07 Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
08 puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
09 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
10 Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
11 Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.