Commentaire d’évangile

Commentaire d’évangile

2ème dimanche de Pâques

Depuis huit jours nous laissons éclater la joie de la Résurrection. Nous proclamons « Christ est ressuscité ». Aujourd’hui la liturgie nous donne à entendre l’épisode de l’incrédulité de Thomas. Ce récit nous permet de réfléchir sur le sens de notre foi en Christ ressuscité. La croyance en la Résurrection n’est pas évidente. Thomas, appelé Didyme (c’est à dire Jumeau), qui est-il en réalité ?

V 19 à 23 : l’apparition aux disciples.

L’évangile de Jean, écrit bien après la Résurrection, s’adresse aux premières communautés chrétiennes qui se réunissent le premier jour de la semaine : le dimanche, jour de la Résurrection. Au v.19 le narrateur précise qu’après la mort de Jésus, ses disciples sont enfermés par peur des juifs qui pourraient les arrêter et les persécuter.  Tout à coup Jésus est présent au milieu d’eux, de sa première communauté rassemblée. C’est bien l’homme Jésus qu’ils ont connu, il porte la trace des clous, on voit la blessure de son côté, et pourtant, il est autre, à la fois différent et le même. Le ressuscité ne peut pas être dissocié du crucifié.

Cette rencontre marque le commencement d’une présence d’un genre nouveau puisqu’il  peut se rendre présent parmi les siens, quand et où il veut. « Les disciples furent remplis de joie en voyant Le Seigneur » Ce titre dans le Nouveau Testament qualifie Jésus glorifié, ressuscité.

Ses premiers mots « la paix soit avec vous » efface leur peur. Cette paix est le fruit de sa vie donnée qui a traversé la mort pour offrir le salut aux hommes. Dans l’évangile de Jean, lorsque Jésus expire sur la croix, de l’eau et du sang sortent de son côté. L’eau signifie l’Esprit répandu et donné. Glorifié auprès du Père, il peut transmettre son Esprit aux disciples dans le même souffle divin créateur de Gen. 2, 7 : « Il souffla sur eux ».

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». La paix ne sera réellement donnée que lorsqu’elle sera transmise et partagée par tous. Les disciples, c’est à dire les croyants, sont appelés à annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. La résurrection du Christ prouve que Dieu, dans son amour, a pardonné aux hommes leur péché d’incroyance.  Recréés en Christ, porteurs de son Esprit, les croyants doivent le représenter de la même façon que le Fils représentait le Père. Ils héritent de sa mission : remettre les péchés, redonner la vie et l’espoir à leurs frères. Il s’agit de pardonner, de faire miséricorde à celui qui se convertit : le péché d’incroyance, le refus de la Parole divine ne peuvent que conduire à la mort. La paix donnée, celle du Christ ressuscité, est source du pardon qui nous ouvre à la vie divine.

V 24-29 : l’apparition à Thomas.

Aujourd’hui nous sommes dans la même situation que Thomas Didyme, peut-être notre jumeau, absent lors de la première manifestation du Ressuscité aux disciples.

 Lorsque ses amis lui racontent leur rencontre avec le Ressuscité, il réagit avec réalisme et bon sens, veut des preuves pour se forger une conviction personnelle. En demandant un signe, il se trompe grandement : on ne peut pas mettre la main sur Dieu, le saisir, l’identifier. S’il en était ainsi, il ne serait plus Dieu. Par ailleurs, dans sa réponse d’incroyant, on discerne une sorte de chantage, il ne croira que s’il a des preuves. «  Si je ne vois pas…si je ne mets pas mon doigt…non, je ne croirai pas ».

Dans sa bonté, Jésus accède à sa demande en se manifestant de la même façon que la première fois. Son don de la paix est déjà la marque de sa miséricorde, du pardon. Le Ressuscité qui connaît le cœur de chacun, le cœur de Thomas, prend au sérieux son souhait. « Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées, et il était là ». Il vient vers Thomas, il vient vers nous pour se tenir au milieu de nous, nous offrir sa paix, c’est à dire son pardon. Illui rappelle que le seul enjeu de la rencontre est le passage de l’incrédulité à la foi « cesse d’être incrédule, sois croyant ».

Le récit ne dit pas que Thomas a touché le corps du Christ.  Dans l’évangile de Jean, le verbe voir ne désigne pas une perception sensible, mais une perception nouvelle, dans l’Esprit. L’expérience de la présence du Christ, sa vue sa parole provoquent une confession de foi très personnelle et très forte « Mon Seigneur et mon Dieu». Devenu croyant Thomas confesse le retour glorieux de Jésus vers le Père et sa divinité. La connaissance de Dieu et du Christ sont une seule et même réalité. Le seul visage de Dieu que les humains peuvent connaître est celui qui nous est révélé par son Fils.

Comme Thomas, ce n’est qu’en faisant l’expérience de la présence du Christ ressuscité qu’on accède à la foi. La résurrection précède, est la condition de la foi et non l’inverse.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » : La vue du Ressuscité n’est pas un avantage au regard de la foi. Le croyant est bienheureux car la véritable foi pascale ne dépend pas d’un signe miraculeux, d’une apparition, mais du souvenir de Jésus tel qu’il nous est transmis par les témoins qui vivent leur foi, et tel que nous le connaissons dans l’Esprit Saint en lisant les évangiles.

V 30-31 : Conclusion :

Saint Jean explicite le but de l’évangile et son intention narrative : susciter la foi. Il est impossible de raconter tous les hauts faits de Jésus, mais la sélection de quelques signes doit nous conduire à découvrir sa véritable identité: « Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ». En allant jusqu’au bout de son amour pour nous, en donnant sa vie, il nous ouvre à la vie divine.

« Le Christ est vivant ! Alléluia !

Il est parmi nous,  Béni soit son nom dans tout l’univers,

C’est lui notre joie ! C’est lui notre espoir !

Soyons dans la joie ! Louons le Seigneur

Il nous a aimés, il nous a sauvés,

Allons proclamer, La Bonne Nouvelle à toute nation.

Alléluia ! Alléluia ! »

J.P. Lécot

Evangile de Jean 20, 19-31

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

21 Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.

23 À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

24 Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.

25 Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

26 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »

27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »

28 Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

29 Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

30 Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.

31 Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.