Dimanche 5 juin
Fête de la Pentecôte
Evangile selon Saint Jean 14, 15-16.23b-26
La Pentecôte, dont le nom signifie cinquante en grec, s’enracine dans une fête juive qui a lieu sept semaines après Pâques, au début de la saison de la moisson. On y célèbre l’Alliance sinaïtique passée entre Dieu et son peuple au cours de l’exode qui suivit la libération du peuple esclave en Egypte.
Les premiers chrétiens ont fait le rapprochement entre cette fête juive et l’effusion de l’Esprit Saint reçue par les apôtres, alors qu’ils étaient rassemblés dans une salle, et n’osaient pas sortir par peur des juifs qui avaient condamné Jésus. Cet Esprit les poussa à sortir pour annoncer la Bonne Nouvelle : « Ce Jésus que vous avez crucifié est vivant ».
Juste avant son arrestation, Jésus réconfortait ses disciples en leur donnant sa paix. Il leur promettait que son retour vers le Père s’accompagnerait d’une nouvelle venue vers eux : il sera présent au milieu d’eux. Il leur en précisait les modalités et les conséquences non seulement pour eux, mais aussi pour tous ceux qui croiront.
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements… le Père vous donnera un autre défenseur ».
Dans la Bible, celui qui aime Dieu, fait sa volonté et pratique les commandements : les « garde ». « Aimer » et « garder la Parole », sont toujours en relation, s’éclairent mutuellement. Dans le premier Testament, les commandements regroupent les dix paroles de Dieu, la Loi donnée à Moïse. Jésus-Christ, l’envoyé du Père a explicité cette Loi, en a dévoilé son fondement : Dieu souhaite vivre une relation d’amour avec l’homme.
« Aimer » souligne la dimension existentielle de la relation et sous-entend une réciprocité absente dans les verbes croire et obéir.
La condition émise par le Christ pour bénéficier du Défenseur promis, est l’amour que lui porte le croyant en gardant sa Parole.
Qui est le Défenseur ?
« Moi je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur ». Envoyé par le Père à la demande de Jésus, il sera fondamentalement un second don divin qui succèdera à notre premier défenseur, Jésus-Christ, et comblera le vide laissé par son retour vers le Père.
« Nous viendrons vers lui et, chez lui, nous ferons une demeure ». L’utilisation du « nous » est merveilleuse. Le Père qui a manifesté son amour pour nous en nous donnant son fils, va nous combler. Il va nous faire participer au dialogue d’amour qui les unit, puisqu’ils feront en nous une demeure. Chaque croyant deviendra Temple de Dieu. Nous serons habités par ce « nous », cet amour qui unit le Père et le Fils, nous serons participants à ce dialogue d’amour. La prophétie d’Ezéchiel 36, 26-27 se réalise : « Je vous donnerai un cœur neuf. Je mettrai en vous mon propre Esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes ».
Au v 26 Jésus précise « le défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom ».
– Le mot « Esprit » traduit le mot hébreux « ruah », c’est à dire souffle, vent, respiration. Il nous renvoie au souffle créateur de la Genèse : « Le Seigneur modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint vivant » Gen 2,7.
– Le mot « Saint » est l’antonyme du mot « profane ». Sa racine renvoie à couper, à séparer (du profane). Dans la Bible, son sens surpasse les notions de pur, de sacré. La sainteté nous révèle la nature de Dieu qui est Tout Autre que l’homme. C’est pourquoi la première demande de la prière du « Notre Père » est « Que ton nom soit sanctifié ». C’est la plus importante. Toutes les demandes suivantes sont les conditions requises pour que son nom, c’est à dire son être, soit reconnu comme « saint ».
Le défenseur promis est donc l’Esprit de Dieu lui-même, inséparable de son Fils. Il est ce souffle qui nous invite à participer au dialogue d’amour et de don mutuel intra-divin. Saint Irénée évoque une divinisation de l’homme. « Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour » 1 Jn4, 8. « Nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné son Esprit ». 1 Jn 4,13.
Quelles en sont les conséquences pour le croyant ?
– Dès la réception de l’Esprit, les apôtres délivrés de la peur des juifs, sortent et leur annoncent que Jésus est vivant, puis ils transmettent cette Bonne Nouvelle à tous les hommes. L’Esprit de Dieu est la force qui lance et envoie l’Eglise naissante « jusqu’aux extrémités de la terre ». Cette même force pousse les chrétiens tout au long des siècles, aujourd’hui encore, à annoncer l’Evangile parfois au péril de leur vie.
– Celui qui reçoit le baptême revit la Pâque du Christ, puisqu’il est plongé dans sa mort pour être recréé en Lui « car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » écrit Paul en Rm 5,5. Nous devenons filles et fils de Dieu en Christ, lui qui a donné sa vie pour nous réconcilier avec le Père et nous procurer la vie divine.
– Aimer Dieu, implique d’imiter les œuvres du Christ, de nous mettre au service de nos frères humains, de les aimer. Nous sommes souvent réticents, peu enclins à nous ouvrir aux autres. L’Esprit Saint est notre Défenseur, un avocat qui plaidera d’abord devant nous-mêmes, pour nous convaincre de la nécessité de servir, de donner notre vie.
– Êtres imparfaits et faillibles, nous nous écartons souvent de Dieu pour écouter les sirènes trompeuses du monde. Parfois, face au malheur qui nous assaille, il nous arrive de nous révolter, d’oublier Dieu et de nier son existence : « Si Dieu existait… » L’Esprit Saint, patiemment et discrètement sera l’artisan de notre conversion et de notre repentir. Lui seul est notre avocat pour plaider en notre faveur auprès de Dieu, il nous réconciliera avec lui, nous consolera.
– L’Esprit Saint est la flamme brûlante et vive dans le cœur du croyant. Elle permet de faire l’expérience de la présence divine. En effet, seuls, nous sommes incapables de prier Notre Père. Heureusement, « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba – Père » Gal 4,6.
Nous ne pouvons prier, converser avec Dieu que dans l’Esprit.
« Ô Seigneur, envoie ton Esprit, qu’il renouvelle la face de la terre
Tu reprends le souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle, ils sont créés,
Tu renouvelles la face de la terre. »
Psaume 103.
Evangile de Jean 14, 15-16. 23b-26
15 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous .
23b Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
25 Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
26 mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.