EPIPHANIE
Evangile selon saint Matthieu 2, 1-12
« Epiphanie » vient d’un terme grec signifiant « Manifestation, dévoilement ». Noël et Epiphanie sont les deux versants d’une même fête : la naissance du Sauveur et sa manifestation dans l’humanité. L’Epiphanie est souvent appelée la « fête des Rois », alors que le récit ne mentionne que des mages.
Et pourtant, il est bien question de rois et même, une couronne royale est en jeu:
– Le roi Hérode tient son pouvoir royal des autorités romaines et en est très fier, mais la population le haït à cause de sa cruauté. Jaloux de son pouvoir il est prêt à tout pour le garder.
– Le roi des juifs attendu est annoncé dans les Ecritures. Il délivrera son peuple du joug des romains et rétablira la suprématie du peuple de Dieu, Israël, au milieu des nations. Est-il ce Jésus, faible nouveau-né couché dans la crèche ?
Notre récit évoque deux villes :
– Bethléem : L’Ecriture la mentionne plusieurs fois : David, premier roi berger d’Israël en était originaire, les prophètes annoncent aussi que le Messie attendu, véritable chef berger d’Israël naitra en ce lieu.
Jésus est né dans ce petit village pauvre.
– Jérusalem : La plus grande ville dans laquelle sont érigés le temple et le palais royal, lieu où résident les autorités politico-religieuses et toutes les personnalités importantes d’Israël.
Nous rencontrons deux types de personnages :
– Les grands prêtres et les scribes du peuple, et « tout Jérusalem » personnalisé. Ils connaissent bien l’Ecriture dont ils tirent les bonnes réponses aux questions qui leurs sont posées puisqu’ils croient détenir La Vérité.
– Des mages venus du paganisme oriental arrivent à Jérusalem. Ils cherchent « le roi des juifs qui vient de naître ». Qui sont-ils ? Probablement des astronomes, sûrement des sages, des chercheurs. Pour de nombreux anciens, la naissance des grands hommes au destin exceptionnel était marquée par l’apparition d’une étoile. Ces savants avaient peut-être entendu parler des prophéties annonçant un astre issu de Jacob qui deviendrait un chef, ou bien d’un sceptre qui se lèverait issu d’Israël.
Enfin l’étoile :
Apparue dans le ciel d’orient, elle disparait à Jérusalem, pour luire à nouveau hors de cette ville et s’arrêter à l’endroit où git le nouveau-né.
Comment pouvons-nous lire ce récit ?
En donnant le signe de l’étoile, Dieu fait les premiers pas en quête de notre amour. Les mages ont répondu à un profond désir, ils se sont mis en route pour comprendre le sens de cette nouvelle étoile. Toute vie est cheminement, quête de lumière et de vérité. Toutefois, l’ombre et la lumière ponctuent ce chemin :
– Ombre et ténèbres de la suffisance, du pouvoir, des savoirs orgueilleux et des mensonges, de la réputation et des richesses que l’on ne veut pas perdre : autant de logiques mondaines qui paralysent et conduisent aussi à la haine et à la violence mortelle.
Jésus sera crucifié à Jérusalem en tant que « Roi des juifs » par ces mêmes habitants de Jérusalem.
– Lumière. Elle éclaire le cœur inquiet qui ne se contente pas de ce qui est habituel mais cherche Dieu. Les mages, en hommes de sciences attentifs, sont capables de percevoir les signes de Dieu, son langage discret et insistant. Ils affrontent les fatigues et renoncements d’un voyage long et incertain. La confiance de la foi leur permet de dépasser l’obscurité trompeuse, d’aller toujours plus loin jusqu’à Bethléem.
A travers le langage de la création ils ont rencontré Dieu. On peut penser que l’étoile représente les signes des temps, les hasards de la vie, les occasions de l’histoire.
Le passage de ces mages par Jérusalem est indispensable. En effet, seule la Parole de Dieu que nous écoutons dans l’Ecriture, nous donne les clés pour bien interpréter le langage divin de la création et nous indiquer de façon définitive la route. Création et Ecriture, Foi et raison, sont les deux piliers qui nous conduisent au Dieu Vivant incarné dans le nouveau-né.
Alors, à la vue de l’enfant, lorsque nous rencontrons Dieu, la joie éclate, elle est immense.
Les mages venus d’Orient ne peuvent que se prosterner devant ce « Roi des juifs » et lui offrir l’or, symbole de la royauté. Ils adorent ce divin Messie incarné en lui offrant l’encens, parfum qui monte vers Dieu. Mais, l’évangéliste précise qu’ils lui offrirent la myrrhe, pour annoncer sa mort à Jérusalem, destinée commune à tout humain.
Comme les mages, le pape Benoit XVI était un infatigable chercheur de Dieu par l’intelligence et par le cœur. Sa quête inlassable de la vérité et de la lumière, l’a ouvert aussi à l’oeucuménisme. A la fin de l’évangile, le Ressuscité nous envoie : « Allez, de toutes les nations faites des disciples ».
Avec les mages, suivons le Christ qui est la véritable lumière, le chemin, la vérité et la vie.
« Illumine mes yeux, ô Lumière divine, Viens, montre-Toi à moi, je Te verrai, Toi, la Joie de mon cœur. »
Saint Augustin
Evangile de Mt. 2, 1-12
Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez-vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.