Les pèlerins qui visitent la Terre sainte, lorsqu’ils traversent la Samarie, peuvent s’arrêter au « Puits de Jacob », vénéré depuis le 4° siècle. Son eau est délicieuse. C’est là, selon la tradition, que Jésus rencontra une femme samaritaine qui venait puiser de l’eau ; pas vraiment une païenne, mais pas une juive. (Jean 4)
Les juifs évitent les rapports avec les Samaritains, rappelle l’évangile. On se doute que ce n’est pas la femme qui a engagé la conversation ; c’est donc Jésus.
Dans l’évangile de Jean, la première parole que Jésus adresse à quelqu’un (à André et un autre – sans doute l’évangéliste – est celle-ci : « Que cherchez-vous ? » Ou encore : « Que désirez-vous ».
J’ai souvenir d’une longue marche en Italie, en juillet avec d’autres pèlerins, tous nos gosiers étaient à sec : Ce genre de soif qui fait taire tous les autres désirs, y compris métaphysiques. Puis soudain une fontaine inattendue. Quel bonheur qu’une pleine gourde d’eau fraîche ! Et quel bonheur de redécouvrir ce qu’est le désir. Comme le Petit Prince : « Moi, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine. »
La première parole de Jésus à la femme fut très simple : « Donne-moi à boire. » On peut supposer qu’il avait soif… mais rien pour puiser.
Jésus avait tant de choses à lui donner ; mais il commença par lui demander ce que lui-même n’avait pas.
Quelle tragédie quand quelqu’un peut tout vous donner, car il a tout. Mais à lui-même on ne peut rien donner qui puisse l’intéresser, car justement il a tout.
Jésus, le Fils de Dieu, a soif de notre amitié. Le Père du Ciel, lui aussi, a le grand désir de notre amour, répondant au sien.
Au bord du puits les rôles finissent par s’inverser : « Si tu savais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Cette parole est pour chacun de nous aujourd’hui.
Mais on connait le proverbe : On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif !
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » Jn 7,37