« Celui-ci est mon Fils bien-aimé »

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé »

Un peu de théologie fondamentale pour cette semaine…

Chaque année, lors du deuxième dimanche de carême, nous entendons l’évangile de la transfiguration de Jésus sur la montagne. De cet évangile on retient surtout la mystérieuse transformation de Jésus, dont le corps était devenu lumineux. Les trois apôtres témoins en furent très impressionnés : c’est la gloire divine de Jésus qui se révélait ainsi.

Mais la première lecture, cette année, est le récit du sacrifice d’Isaac – qui n’eut finalement pas lieu ; cette fois c’est Dieu qui se déclare profondément impressionné par l’attitude d’Abraham, lequel « n’a pas refusé son fils bien aimé ».

Du coup, nous sommes invités ce dimanche à déplacer notre regard : non plus vers la mystérieuse transfiguration, mais vers la parole entendue sur la montagne : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le. » Le lecteur de l’évangile se rappelle le récit du baptême de Jésus, qu’il a lu huit chapitres avant. La même voix disait : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

C’est un énorme bouleversement qui est introduit dans la foi juive. Le messie attendu se révèle comme être le Fils de Dieu. La réflexion qui se développera à partir de cela découvrira que Dieu est Un, bien sûr, mais que dans cette unité ils sont plusieurs ! Deux et même trois, avec le Saint Esprit. La Trinité sera le mot nouveau pour désigner ce mystère « caché depuis la fondation du monde. »

« Dieu est amour » (1 Jn 4,8) : l’amour existe depuis l’éternité, il existe en Dieu lui-même, dans l’unité des personnes divines, bien avant que nous en soyons bénéficiaires.

Le mot Fils est le mieux choisi pour nous faire comprendre la relation qui unit Jésus à Dieu. (Mt 7,11)

Et quand vous priez, dit Jésus, dites « Notre Père, celui du ciel… » Incroyable ! Quand Jésus nous invite à appeler Dieu « Père », il nous dit que Dieu tient à nous autant que nous-mêmes tenons à nos enfants. Tout le monde peut comprendre cela, même ceux qui n’ont pas d’enfants.

Méditant sur ce mystère, saint Jean, dans sa grande vieillesse, écrit que « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu ; quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3,2) On peut appeler cela adoption filiale ; plus fort encore, comme dans la théologie orientale, divinisation.

Nous avons été créés pour être divinisés. Pour cela, accompagnons Jésus sur la montagne.